samedi 9 mai 2009

CHAPITRE 12: Les phénomènes syntactiques : liaisons et enchaînements

C

 

Ce chapitre est tout entier consacré aux conséquences d’une aversion de la langue française pour les enchaînements vocaliques et son attraction pour les syllabes de type CV.

La langue française use de trois ruses pour éviter des structures qu’elle juge inélégantes :

1.      L’élision d’une des voyelle en cas de Hiatus.

2.     l’enchaînement  de la consonne finale d’un mot avec la voyelle initiale du mot suivant.

3.     La liaison qui fonctionne de façon complexe et qui est un reste de ce que le protofrançais antérieur au XIème siècle prononçait toutes les lettres. Notons déjà que la liaison entraine des réalisations très éloignées de ce que la graphie suggère.

 Ce chapitre ne se portera que sur ce dernier stratagème les liaisons sont à 50% en [z] en [t] et en [d] à environ 25% , celles en [p] et en [R] sont très rares. Les liaisons n’apparaissent qu’à l’intérieur du syntagme c’est la  règle de cohérence syntagmatique, nous le distinguons bien avec l’exemple suivant : un petit enfant / un petit avec sa mère.

Il existe trois type de liaisons :

·      Obligatoires

·      Entre le déterminant et le nom ou le pronom dans le groupe nominal.

·      Dans le groupe verbal entre le verbe et son pronom sujet, son complément adverbial, et tous les satellites du verbe. ex : vous êtes, allez-y.

·      Avec les formes monosyllabiques non accentuées : en effet/ dans une heure.

·      Dans les syntagmes indécoupables : états-unis, sous-officier.

·      Interdites

·    Entre deux groupes rythmiques.

·    Avec les adjectifs postposés.

·    Devant une unité que l’on souhaite isoler et particulièrement les monosyllabes accentués : des oui.

·    Devant un h aspiré.

·    Après la conjonction et.

 

·      Facultatives

·       Entre deux formes verbales ou après une forme verbale pleine : je suis allé/ j’avais une chance.

·      Dans les formes de deux syllabes qui reçoivent un accent secondaire : après/ depuis/ devant.

·      Pour marquer l’insistance : trop indulgent/ moins humide.

·      L’hésitation peut faire marquer une liaison l’où il n’y en a pas.

 

Notons que certaines liaisons sont d’un quatrième type étant fautives, elles sont réalisées par analogies à d’autres: je suis-t-allé. Bien souvent elle témoigne du désir de projeter de soi une image valorisante.

Dans de rares paires minimales la liaison peut avoir un rôle phonologique distinctif, le plus souvent en relation avec un H aspiré : les héros/ les zéros, les hauteurs/ les auteurs.

La liaison est la seul marque morphologique de distinction du singulier et du pluriel à l’oral : il arrive/ ils arrivent.

Dans le cas des adjectifs finis par une voyelle nasale la liaison peut neutraliser la distinction féminin masculin : bon ami/ bonne amie.

Comme toutes les variantes du langage, la liaison joue une fonction identificatrice, le nombre et la distribution des liaisons fluctuent en fonction d’une multitude de variable sociales et géographiques. C’est aussi un  marqueur de discours ainsi De Gaulle selon son public réalisait de 9% à 100% des liaisons facultatives. D’ailleurs comme pour le E caduc la fréquence des liaisons augmente en fonction de l’imaginaire linguistique d’un beau parler.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire